La jungle les a protégés pendant des milliers d'années. Mais l'érosion et surtout la modernité pourraient bien avoir raison des milliers de tumulus de terre. Ces vestiges, provenant d'une vaste cité amazoniennes vieille de quelque 2.500 ans, sont aujourd'hui disparue, dans le sud-est de l'Equateur.

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Un vase découvert dans en Amazonie équatorienne, conservé au musée Weilbauer-Porras de l'Université catholique de Quito, le 2 février 2024 © AFP Rodrigo BUENDIA

Découverte en 1978 dans la vallée d'Upano, en Amazonie équatorienne, cette « cité perdue »  s'étend sur des centaines de kilomètres carrés. Au pied de la cordillère des Andes, elle comprenait à son apogée une vingtaine d'agglomérations, connectées par des routes, et abritait une civilisation agraire jusqu'ici inconnue. 

« On pensait qu'il s'agissait de simples structures naturelles » dont certaines ont été « rasées pour construire des routes mais il y a un besoin urgent d'un plan de protection », plaide Alejandra Sanchez, archéologue espagnole qui étudie ce patrimoine depuis une dizaine d'années. 

Déjà baptisé par certains le Machu Picchu équatorien, le site d'Upano est devenu célèbre en janvier lorsque la revue de référence Science a publié un article du chercheur français Stéphen Rostain. Ce dernier a mené des fouilles dans les années 1990 dans ce que les médias ont décrit à tort comme une « découverte » inédite. 

L'homme véritablement à l'origine de la découverte des vestiges de la vallée d'Upano est un prêtre et archéologue équatorien, Pedro Porras. C’est lui qui décrit pour la première fois dans les années 1980 ces monticules de terre comme une « cité perdue ».

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Représentation numérique du relief d'une région située près de la rivière Upano, en Amazonie équatorienne, à l'Institut national du patrimoine culturel de Quito, le 31 janvier 2024 © AFP Rodrigo BUENDIA

Pour l'archéologue et professeur équatorien Alden Yépez, de l'Université catholique privée d'Equateur (PUCE), les près de 7.000 monticules identifiés sont la « partie émergée de l'iceberg » d'une civilisation qui a peut-être été encore plus vaste qu'imaginé jusqu'ici. 

« L'idée que l'Amazonie était un espace non peuplé » ou seulement habité par des nomades est écartée, ajoute la directrice de l'Institut national du patrimoine culturel (INPC). En effet, les découvertes témoignent d'une organisation politique, économique et religieuse typique des grandes civilisations. Cette cité ancienne aurait été érigée entre 500 ans avant notre ère et 300 et 600 ans après, couvrant ainsi l'époque de l'Empire romain. 

Selon la revue Science de janvier 2024, les tumulus étaient reliés par un vaste réseau de rues creusées, droites et à angle droit, à la fois pour le commerce mais aussi dans un but cérémoniel.