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Photo de l'agence spatiale japonaise (Jaxa) montrant le module lunaire SLIM au centre spatial de Tanegashima, le 1er juin 2023 dans le sud-ouest du Japon © L'agence spatiale japonaise (Jaxa)/AFP/Archives Handout

Une fusée japonaise doit décoller lundi en emportant un petit module devant se poser sur la Lune d'ici quatre à six mois, une nouvelle tentative après des essais nippons infructueux, alors que l'Inde vient de réussir son premier alunissage. Le décollage était initialement prévu pour samedi, puis avait été reporté à dimanche et désormais à lundi à cause de mauvaises conditions météo attendues ce week-end sur le site de lancement de l'agence spatiale japonaise (Jaxa) à Tanegashima (sud-ouest du pays).

Le projet consiste notamment à tester une technologie d'alunissage de haute précision, à 100 mètres maximum de sa cible contre plusieurs kilomètres habituellement, avec une sonde de petite dimension et légère (700-730 kg). D'où le nom de ce module, SLIM (Smart Lander for Investigating the Moon), et son surnom de « Moon Sniper ». Pour les robots mobiles d'exploration, « parcourir des pentes raides et un terrain accidenté représente encore un niveau de difficulté élevé. C'est pourquoi il est important de réussir à poser (des engins spatiaux, NDLR) avec une haute précision pour permettre une exploration efficace à l'avenir », a expliqué la Jaxa sur son site. En outre, les zones propices à l'exploration des régions polaires de la Lune « se limitent à une surface très réduite », relève encore la Jaxa.

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Historique des missions vers la Lune, par pays © AFP Valentin Rakovsky

En cas d'alunissage réussi, SLIM devra aussi mener à l'aide d'une caméra multispectrale des analyses de la composition de roches censées provenir du manteau lunaire, la structure interne de la Lune encore très mal connue. La course mondiale à l'exploration de la Lune s'intensifie après que l'Inde a réussi mercredi à y poser un engin spatial; avant elle, seuls les Etats-Unis, l'Union soviétique et la Chine avaient déjà réussi des alunissages.

La Russie vient pour sa part d'échouer dans une nouvelle tentative, sa sonde Luna-25 s'étant écrasée samedi 19 août sur le sol lunaire.

Plusieurs échec

Le Japon avait déjà tenté en novembre dernier de poser une mini-sonde sur la Lune qui avait été embarquée à bord de la mission américaine Artemis 1. Mais la communication avec « Omotenashi » (« hospitalité » en japonais) avait été perdue peu après son éjection dans l'espace, en raison d'une défaillance de ses batteries. Et en avril de cette année, une jeune entreprise privée japonaise, ispace, a échoué à faire alunir son module Hakuto-R, qui s'est probablement écrasé sur la surface du satellite naturel de la Terre.

« Les alunissages restent une technologie très difficile » à maîtriser, a souligné jeudi devant la presse le responsable du projet SLIM, Shinichiro Sakai, qui a exprimé par la même occasion son respect pour le succès de la mission indienne. La fusée H2-A de la Jaxa, qui doit décoller lundi à 09H26 heure japonaise (00H26 GMT), doit aussi emmener dans l'espace un satellite appelé XRISM, une mission d'imagerie en rayons X et spectroscopie. La mission XRISM est le fruit d'une collaboration entre la Jaxa, la Nasa américaine et l'Agence spatiale européenne (ESA).

« L'astronomie en rayons X nous permet d'étudier les phénomènes les plus énergétiques de l'Univers. Elle détient la clé pour répondre à des questions importantes de l'astrophysique moderne : comment les plus grandes structures de l'Univers évoluent, comment la matière dont nous sommes finalement composés a été distribuée dans le cosmos, et comment les galaxies sont façonnées par des trous noirs massifs en leur centre », a expliqué Matteo Guainazzi, scientifique du projet de l'ESA pour XRISM.

La Jaxa se doit par ailleurs de rebondir avec la double mission SLIM/XRISM, car l'agence spatiale a connu plusieurs retentissants échecs depuis l'an dernier. Après l'échec de son lanceur de petite taille Epsilon-6 peu après son décollage en octobre dernier, la Jaxa a en effet connu deux autres revers en février et mars de cette année avec son lanceur de nouvelle génération H3, qui n'a toujours pas réussi une première mission.