La grotte de Denisova, située dans l’Altaï russe, est probablement une clé pour déchiffrer une partie de l’histoire humaine. Dans les années 1970, on y a découvert des restes humains correspondant à notre cousin bien connu, l’homme de Neandertal. On y a également trouvé quelques restes fragmentaires appartenant à une autre espèce humaine restée inconnue, l’homme de Denisova. Toute la question est de savoir de quand datent les fossiles trouvés dans la grotte, la stratigraphie ayant révélé au moins vingt couches d’occupations distinctes. Deux études complémentaires parues dans la revue Nature du 30 janvier 2019 éclairent cette question. De nombreux prélèvements étudiés par thermoluminescence donnent des dates échelonnées entre 300 000 et 20 000 ans, s’étendant sur des périodes glaciaires et interglaciaires. Des échantillons de faune et de flore permettent de reconstituer l'environnement de Denisova et montrent un environnement steppique durant les périodes froides et la présence de nombreux arbres feuillus aux époques les plus clémentes.

Une seconde étude s'est intéressée aux fossiles humains trouvés dans la grotte. Tous sont très fragmentaires. Un seul d'entre eux, le plus récent, a pu être daté au carbone 14. Son âge est d’environ 46 000 ans, mais trop peu d’ADN a pu en être extrait pour déterminer à quelle espèce il appartenait. Le plus ancien fossile trouvé dans la grotte a été daté par thermoluminescence entre 195 000 et 122 000 ans. Son ADN nous dit qu’il appartenait à nos cousins Denisova. Des imprécisions et des incertitudes demeurent, mais pour la première fois, on commence à comprendre que la grotte a été occupée simultanément par Denisova et Neandertal. Ces premières datations détaillées devraient permettre de comprendre un peu mieux les brassages de population dans la région.